mercredi 15 avril 2009

Bulfuckingarie ou le journal d'un passé en mouvement, chapitre 19


Le pays dont j’aime la gadoue, la gadoue, la gadoue, la gadoue...
Me voila de retour et j’ai l’impression de n’être jamais partie. Genève et ses habitants ont tout de suite repris la place irréelle qu’ils ont acquise dans mon esprit durant le mois de décembre. Je suis constamment seule en moi-même, contrairement à l’état d’esprit dans lequel je suis généralement lorsque je suis en contact trop rapproché avec les gens que j’aime, et pourtant il s’est passé beaucoup de choses, j’ai formulé depuis mon retour beaucoup de questions et il ne manquera pas de naître dans les prochaines semaines de cette première semaine 2003 en Bulgarie des pensées interminables.
J’ai retrouvé l’aéoroport de Sofia avec un grand plaisir. Le fait d’avoir volé cette fois avec la toute naissante Swiss (et là je vos informe à contre-pied des ragots terrifiants qui circulent à ce sujet c’est une expérience tout à fait passable) m’a permis d’arriver à Varna en milieu d’après-midi. Après la pluie genevoise, la grise neige zurichoise, l’atmosphère moite d’humidité de Sofia m’a semblé être un cadeau que le ciel me faisait pour me faire oublier les frimas du froid genevois avant mon départ. M. Arrachorganevital avec qui nous avions échangé quelques mails afin de nous informer de nos dates de retour respectives attendait patiemment ses valises derrière la douane ou j’attendais également pour obtenir un tampon m’autorisant un séjour de vingt-neuf jours consécutifs dans le pays. J’étais impatiente d’ê^tre à Varna, impatiente d’être à nouveau loin encore de la para-réalité suisse et impatiente d’oublier jusqu’à l’existence même d’une vie pour moi au-delà de ce séjour. La coupure des fêtes de fin d’année en Suisse si elle a provoqué bien des dégâts (temporaires, je vous rassure) quant à mes rapports avec ce pays et ses habitants, que je les aime ou non, m’a donné envie de partir plus loin encore que Varna, si possible sur une planète aussi éloignée que chaude, et a fait beaucoup de bien à mes rapports avec la Bulgarie. J’ai été très attentive durant mon séjour genevois à toutes les choses qui faisaient mine de me manquer au mois de décembre en Bulgarie. J’ai pu ainsi constater qu’elles ne me procuraient aucun réel réconfort. Que c’est tout simplement de ne pas les avoir à disposition qui leur a donné de la valeur, qu’intrinsèquement, elles n’en avaient probablement jamais eu aucune à mes yeux. La boue, la circulation, la crasse, l’humidité, l’incertitude de toute chose et les paysages marrons, bleus, gris et blancs hivernaux de la Bulgarie m’ont donc semblé autant de choses familières dans lesquelles j’étais prête à me roule passionnément avec le plus grand des bonheurs.
Krasimir, mon beau moustachu, qui se fera d’ailleurs un plaisir d’accueillir chacun et chacune d’entre vous qui daignerez découvrir la Bulgarie sous mon règne, était lui aussi au rendez-vous et nous avons lui et moi passé quelques longues heures à bavarder au fond de son taxi en attendant M. Arracheorganevital qui réglait ses affaires sofiotes. Il nous a ensuite conduit à la gare routière ou nous avons pris un bus merveilleusement confortable à destination de Varna. Le trajet s’est passé pour moi le plus naturellement du monde. Je rêvassais, les yeux fixés sur la nuque du beau jeune homme chauve assis devant moi, à ma chambre au technicum en frissonnant de joie à l’idée de la retrouver. Les heures, au nombre très exact de six, qui se sont écoulées dans ce bus m’ont semblées trop longues et trop brèves à la fois. Trop longues comme lorsqu’on s’impatiente et trop brèves comme lorsqu’on connaît bien le chemin et qu’on se remémore l’avoir trouvé très long la première fois qu’on l’a pris.
Après avoir échangé à Veliko Tornovo mes coordonnées avec celles du jeune homme à la nuque gracile et à l’anglais impeccable, j’ai enfoncé plus profondément les écouteurs de mon lecteur de mini disques dans mes oreilles et me suis exercée à danser « batawaness bik » de Warda sans bouger les fesses durant le reste du trajet. L’arrivée à Varna s’est faite vers 1h30 le lendmain déjà, alors que je parvenais pour la première fois à exécuter un huit parfait du bassin sur l’introduction instrumentale de cette chanson que je devais écouter pour la dix-millième fois.
Le gardien du Technicum ne dormait que d’un œil, averti de mon retour qu’il était par Maria, et c’est sans encombres que je suis rentrée dans mon home, sweet home, de deux ou trois jours au plus encore. J’ai retrouvé les choses telles que je les avais laissées exactement et sans faire plus de chichis, je me suis ruée dans mon lit, sans me doucher, comme les personnes confiantes du niveau d’hygiène de leur environnement, puisque c’est bien le leur.
Le lendemain en fin de matinée, Svetlana me téléphonait pour m’informer du rendez-vous fixé avec l’agence immobilière afin que nous retirions les clés de mon nouvel appartement et Maria m’informait en me croisant dans les couloirs du Technicum que ma présence était de rigueur le soir même chez elle.
Après avoir fait mes salutations et transmis mes vœux pour la nouvelles année à chacune des personnes croisées dans les bureaux ou les couloirs de la maison, et cela fait beaucoup, j’ai pu rejoindre le centre ville et vaquer à mes occupations immobilières. Le soir, chez Maria, une petite fête de bienvenue avait été organisée en mon honneur et j’ai peu en la compagnie de la fort charmante Nina, de Radka, Pavel et Maria elle-même faire bénéficier tout le monde de mon bonheur d’être là. C’est repus de plaisir et de chaleur humaine que je suis ce soir là encore rentrée me coucher.
J’ai encore passé suite à cela deux nuits au Technicum, grâce à l’aide de Svetlana, de M. Arracheorganevital et surtout de Pavel, j’ai pu dormir dans mes nouveaux quartiers. J’ai bien sur durant la première semaine de l’année 2003 à Varna bu beaucoup de verres, avec beaucoup de gens, fait bien des démarches administratives, rencontres divertissantes et eu pas mal de mésaventures encore, dont quelques chutes cinématographiques, mais j’avoue être tout à fait incapable de vous en faire le récit en raison de l’était de santé déplorable dans lequel j’étais durant ces derniers jours. J’ai tenu mon journal à jour, mais je suis à la fois fière et honteuse de vous avouer que pas une seule des phrases que j’y ai écrite n’est complète ou ne se targue simplement de posséder un verbe. Je me contente donc de vous dire que c’était bien, bronchiteux et fortement vaporeux, mais bien. Je suis loin encore d’être débarrassée de cette infection et ne vais donc pas abuser de mon énergie toute timide et vous quitte non sans vous serrer fort contre mon poitrail vrombissant….
Je vous embrasse
Zafrou sous le vent, les pieds dans la gadoue.

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