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Bulgarian Bugs
Par ou commencer, bon sang, par ou commencer... Essayons chronologiquement. Alors, je vous ai quitté complètement euphorique, presque heureuse de retrouver mes puces vendredi soir. Depuis il s’est passé bien des choses. Tout d’ abord j’ai passé la soirée avec Svetlana et M. Arracheoganevital dans la taverne dont je vous ai déjà parlé. Svetlana a menace de Téléphoner à la directrice du Technicum pour lui dire qu’elle allait écrire un article sur le fait qu’une consultante suisse venue en Bulgarie dans le cadre de la coopération économique entre ces deux pays avait été logée dans un endroit infesté de puces tant elle était horrifiée de cette anecdote et ce n‘est qu’après que nous lui ayons répété plusieurs fois que cela ne ferait qu’aggraver ma situation que nous avons réussi M. Arracheorganevital et moi-même à lui faire démordre de son idée. Elle m’a proposé plus vigoureusement encore son aide pour trouver un studio et la soirée a ensuite été très sympa. Puis nous avons été rejoints par deux amis journalistes de Svetlana. Un journaliste sportif et une journaliste politique avec qui je n’ai communiqué que par le truchement de tournées de Rakiya et de vin. Après nous être séparés vers minuit, plutôt que de rentrer je suis venue au cyber café pour faire passer le temps. Petit à petit mon euphorie a commencé à diminuer pour finir par disparaitre et alors que j’étais encore au cyber café a écrire (je ne vous envoie pas tout faut pas croire) j’ai commencé à flipper de me retrouver dans une chambre gelée et remplie de puces. Je craignais que la bombe entière de RAID (prononcer RRRAyid en bulgare) que j’avais vidée sur mon matelas n’ai servi à rien et je craignais encore plus de mourir de froid. J’ai finalement réussi à cesser de tergiverser entre un retour au bercail et une nuit blanche au cyber café vers quatre heures du matin et un peu avant cinq heures j’étais chez moi. J’ai alors mis tout ce qui était en tissu à l’exception d’une tenue de rechange dans des sacs en plastique fermés et les ai déposés ensuite devant ma porte. J’ai refait mon lit avec des draps neufs et j’ai commencé à parlementer avec moi-même:
# bon, Zafrou, tout bien considéré il y a pire que d’avoir des puces dans la vie, par exemple heu, la misère, la faim dans le monde, la souffrance ou la mort des gens que tu aimes...
# oui, oui, d’accord, c’est vrai mais...
# non, non, Zafrou pas de mais, penses-y, y’a pire, et puis M. Arracheorganevital a dit que les puces cela n’avait rien à voir avec la saleté...
# peut-être bien mais c’est pas très hygiénique non plus comme trip hein...
# y’a pire, souviens-toi de la gueule de tes chiottes quand tu es arrivée, souviens-toi des araignées qui ont fait des bébés dans ta jambe au Mali, souviens-toi du ver que tu as trouvé dans ton lit et des vers qui la nuit rampaient sur ta moustiquaire là-bas, penses à tous les acariens partout, partout...
# oui, mais bon tu m’ôteras pas de l’idée que se coucher dans un lit rempli de puces c’est pas l’extase et que t’es pas très joyeuse de faire ça toi non plus....
# certes Zafrou, mais ce n’est qu’une nuit, et tout bien considéré ces puces et toi vous partagez votre intimité depuis 13 nuits déjà...
# mais avant je ne savais pas, et elles avaient pas encore commencé a me grignoter...
# ZAFROU tu vas faire quoi? Dormir debout au milieu de la pièce? Reprends-toi, penses à autre chose, à quelque chose de propre de très propre, tiens, ton appartement tel que tu l’as laissé pour tes sous-locataires avant ton départ et imagine que tu dors là-bas...
# bon, bon je vais essayer (là je pose mon cul sur le lit), mais je garantis rien et je tiens à ce que tu SACHES que je ne vais pas pleurer, mais je n’ai jamais été AUSSI PRES des larmes depuis mon arrivée ici!
# mauviette
# dictateur
# pauvre fille
# salope
# degré 0 du self control (c’est mon auto-insulte préférée)
# tu comprends rien...
Le temps de cet échange de douceurs j’étais sous les couvertures, n’osant pas malgré le froid les remonter jusqu’a mon visage et crispant les paupières autour de mes globes oculaires pour chasser la vision de milliards de petites puces se précipitant sur leur snack nocturne. J’ai dormi de 5h30 heures à 8h30 du matin en me réveillant plusieurs fois pour frotter mon nez gelé entre mes deux paumes et ajouter une paire de chaussettes au bout de mes jambes. Durant ma dernière tranche de sommeil je peux vous assurer que j’avais si froid que j’avais, malgré les puces, la couverture au dessus de la tête, et que je m’enfonçais autant que je pouvais dans mon matelas pour tenter de puiser chez mes amies les puces autant de chaleur qu’elles en trouvaient en moi. Je me suis réveillée dans un état épouvantable, déprimée, incapable d’envisager une seule nuit de plus dans cette piaule pleine d’insectes et bien entendu, le côté gauche du corps entièrement recouvert de piqures toutes plus boursouflées et rouges les unes que les autres. J’ai tout de suite foncé sous la douche et j’ai quasiment vidé le bidon de Lubex (désinfectant cutané) sur mon corps, sachant néanmoins qu’à peine aurais-je enfilé ma cape de bains (c’est bon les français, rigolez un coup, oui ma cape de bain, pas mon peignoir) s’en serait fini de mon immunité contre les puces. J’ai trouvé le moyen de retarder l’invasion en me séchant entièrement au séchoir à cheveux (l’objet le plus utile du contenu de mes bagages vu que je m’en sers aussi comme chauffage), puis résignée, j’ai enfilé ma tenue de rechange, propre mais surement infestée de puces. Je me suis ensuite attaquée au nettoyage par le vide de la chambre. La femme de ménage de l’école est arrivée fort à propos ce moment là et nous avons ensemble sorti les deux matelas, le fauteuil, le tapis, tous les tissus cache-misères que contenait la chambre et le reste de mes affaires. Elle a été horrifiée quand je lui expliqué que tout cela c’était parce que #beulhi, beulhi# (puces en bulgare) et je lui ai laissé comme consigne de passer une nouvelle fois la chambre à la Javel. Je suis partie avec mes sept sacs en plastique et mon sac à dos pleins de fringues, couvertures, draps au pressing. Je suis arrivée là-bas (en bus, pas moyen de trouver un taxi qui accepte de faire une course de six cent mètres) tant bien que mal et j’ai lâché mon chargement devant le comptoir du pressing. Il y avait la queue et j’en ai profité pour sortir mon dictionnaire et trouver les mots dont j’avais besoin pour expliquer à la gentille dame ce que j’attendais d’elle. J’ai fait mon affaire avec les mots suivants: #partie # bouillir # chimique # aujourd’hui # lundi # combien
# puces # attendre. Lorsque mon tour est arrivé il a bien sur fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois, ma phonétique bulgare n’étant pas encore très au point et la longue queue des gens derrière moi s’impatientant ou tentant autant que faire se peut d’aider la commerçante à comprendre mon petit nègre bulgare. Il faut dire pour leur défense et ma grande honte que j’avais confondu #partie# (comme #une partie du linge#) avec #parti# (comme #parti politique#). A chaque fois que je répétais le mot #puces# (BEULHI) les gens s’éloignaient encore un peu plus de moi et grondaient plus fort. Imaginez un peu le truc, Zafrou balançant des mots, la commerçante les répétant plusieurs fois jusqu’à en être pénétrée et enfin en comprendre le sens, non sans l’aide de quelques uns des clients, et moi ne comprenant rien à ses réponses. Nous sommes enfin arrivées au moment de payer et, bien évidemment, sans cela ca aurait été trop facile, je n’avais pas assez d’argent sur moi. Re-dictionnaire, et re-recherche de mots clés:
Zafrou: banka, as ne leva (je vais vite a la banque, je n’ai pas assez sur moi pour vous payer)
Commercante: tchétére tchétére (je ferme à quatre heures, et j’ai beaucoup de gens qui attendent ma gentille petite dame)
Zafrou: da da, banka malko moment, malko moment (je vais juste au Picadilly à cinq cent mètres ou il y a un bureau de change et je reviens aussitôt, je n’en ai que pour quelques minutes, je vous le promets)
La foule: da da, Picadilly soupeRR-market (elle va aller au picadilly à cinq cent mètre et sera très vite de retour).
Je suis partie dans la froidure marchant aussi vite que je pouvais pour aller chercher de l’argent, en tout et pour tout vêtue d’un T-shirt, d’un jean, d’une paire de mocassins en cuir portés sur des chaussettes de ski (je n’arrive toujours pas à comprendre comment j’ai fait pour les chausser), d’un foulard en mousseline et de mon poncho. Habillée pour vingt degrés de plus car je n’avais plus de gants, de bonnet, d’écharpe, de chaussettes, de pull qui n’ait été déclaré #danger haute concentration de beulhi#. A la banque j’ai réussi a m’en tirer mieux et plus vite qu’au pressing, le langage du fric est international et je me suis précipitée pour payer la gentille dame. Celle-ci m’attendait de pied ferme et j’ai pu alors la payer mais également, Oh bonheur, récupérer des vêtements propres grâce à un bon retrouvé lorsque j’étais à la banque. J’avais tout oublié de celui-ci et je n’aurais pas pensé à retirer ces fringues si j’avais eu suffisamment d’argent pour la payer en premier lieu Je suis donc repartie en meilleur état que je n’étais arrivée, rassérénée à l’idée que je pourrais, dès que j’aurais trouvé un hôtel potable et un savon antibactérien me doucher à nouveau et me changer avec des vêtements garantis no beulhi. Chaque seconde qui passait, je tentais de m’ en convaincre, me faisait gagner des points supplémentaires dans ma bataille contre les puces. J’ai téléphoné à M. Arracheroganevital pour lui demander conseil quant à mon logement et il m’a dit de le retrouver au cyber café. Je n’avais pas du tout l’intention de retourner dans l’hôtel ou j’ai été logée les deux premières nuits car il est bien trop cher et pratique une tarification multipliée par quatre pour les étrangers. Je suis arrivée gelée et déjà à moitié malade au DOOM TVE (cyber café doom 2, il y en a cinq à Varna) et M. Arracheorganevital s’est arraché (c’est le cas de le dire) à son travail pour voler à mon secours. Il a faille s’étouffer de rire à plusieurs reprises lorsque je lui ai raconté mon aventure du pressing et m’a prise par le bras pour m’emmener un bon bol de soupe (et oui, dodo sur un matelas infesté de puces et imbibé de Raide, nuit de merde glaciale et transport de tout l’ameublement tissu d’une piaule par moins dix, ça creuse). J’avais depuis le matin la larme à l’œil et luttais contre mon organisme pour ne pas craquer. Faut pas oublier non plus que vendredi après-midi je m’étais sérieusement enivrée avec mes collègues ingénieurs ! A un doigt de nourrisson de craquer… pendant notre repas M. Arracheorganevital s’est levé à plusieurs reprises pour aller acheter tour à tour, un journal, téléphoner, aller m’acheter des Aspirines et m’a proposé d’aller ensuite dans un autre café à côté duquel il y avait des cabines téléphonique d’ou il pourrait non seulement appeler pour me trouver un hôtel, mais aussi téléphoner à des propriétaires d’appartements à louer. Je me suis totalement laissée prendre en charge par mon belge préféré et j’ai sagement attendu devant un énorme bol de thé aux herbes et au miel divin. C’est après cela que les choses ont pris une tournure carrément tragi-comique.
Je reçois sur mon portable un appel de Marianne qui me téléphone de l’école de langues de Guide et Katia pour me dire que tout le monde me cherche partout et qu’il faut qu’elle et Katia me voient tout de suite pour me parler d’un truc important. J’ai essayé d’en savoir plus en vain et leur ai pour finir dit ou nous étions afin qu’elles nous rejoignent. M. Arracheorganevital est revenu avec la bonne nouvelle d’une réservation dans un hôtel propre et très bon marché et trois adresses d’appartements à visiter. Au bout de trois quarts d’heure minutes, Katia et Maria n’arrivant toujours pas nous nous étions mis en marche pour visiter ces appartements lorsque j’ai reçu à nouveau un coup de fil, cette fois de Katia, me demandant ou j’étais et pourquoi je n’étais pas au RDV ou elles étaient supposées arriver dans les cinq minutes. Je n’ai pas perdu patience et leur ai fixé un nouveau rendez-vous. Nous les avons enfin retrouvées et j’ai fait les présentations entre Katia et M. Arracheorganevital qui ne se connaissaient pas. J’ai informé respectivement chacun et chacune des langues parlées par les autres et écouté, passablement étonnée, Katia
dire à M. Arracheorganevital qu’elle préférait lui parler dans une langue qu’il ne comprend pas (italien) plutôt que de lui parler en bulgare (qu’il parle très bien). Je ne m’attarde pas sur ce point, mais je le mentionne car je risque d’y revenir.
Nous sommes donc les quatre assis devant des cafés cette fois, quand on m’explique enfin l’atroce drame qui est en train de se passer sans que j’en ai la moindre conscience. La comptable de l’école (Yourdenka, souvenez-vous c’est elle qui téléphone à sa fille à chaque fois qu’elle veut me dire quelque chose et qui vient gentiment me proposer des cafés le matin, son bureau étant en face de ma chambre) a téléphoné a Maria après mon départ de l’école ce matin, complètement paniquée car elle a reçu un coup de téléphone de la police pour lui demander ou j’étais au juste. La police me cherche donc depuis trois jours et je suis priée de me présenter lundi matin au plus tôt avec de préférence des justificatifs de logement pour les quatorze jours passés en Bulgarie. Mariae parlant à moitié anglais, moitié bulgare sous le coup de l’excitation je ne comprends rien a tout cela et comment cela a pu se produire et je me retourne alors vers Katia qui m’explique que la loi en Bulgarie oblige les touristes à s’enregistrer quelque part des leur arrivée et déclarer leur présence à la police afin qu’on puisse toujours les retrouver. Or, lorsque j’ai passé les deux premières nuits à l’hôtel, je ne m’y suis pas enregistrée et je ne me suis pas non plus enregistrée au Technicum. L’hôtel m’ayant facturé deux nuits et transmis une photocopie de mon passeport à la police ceux-ci s attendaient à me voir débarquer avec un certificat de logement. Seulement l’ennui c’est que ni l’ambassade de Berne, ni Guido, ni Katia, ni le Technicum, ni même l’hôtel ne m'ont informée de cette règle et que j’ai vécu ces 14 jours en Bulgarie inconsciente du fait que j’étais de fait, et selon la loi « sans domicile fixe ». M. Arracheorganevital est intervenu dans ce discours effrayant pour me dire qu’il ne fallait pas que je m'inquiète que cela allait s’arranger et qu’il irait (comme il me l’avait proposé déjà) avec moi au bureau des étrangers pour me légaliser mon séjour ici. La situation était d’autant plus drôle (pour un œil extérieur, par pour moi) que je devais traduire à Katia en italien et à Maria en anglais ce que M. Arracheorganevital disait en français, traduire à Maria en anglais et à M. Arracheorganevital en français ce que Katia disait en italien, et traduire en italien à Katia et en français a M. Arracheorganevital ce que Marianne disait en anglais. Lorsque c’était à moi de parler je commençais par des phrases en anglais, français, italien complètement incohérentes avant de me reprendre et de dire les choses d’abord en anglais, puis en français et pour finir en italien. Totalement ubuesque. Ajoutez à cela que bien entendu personne n’était d’accord sur la démarche à adopter: Katia voulant que je demande une fausse facture de quinze jours à l’hôtel ou je n’avais pas encore mis les pieds pour dormir et que je me présente munie de celle-ci au poste de police lundi. Maria voulant que j’aille tout de suite voir la police pour dire que j’étais logée au Technicum et M. Arracheorganevital me disant qu’il pouvait dire que j’étais logée chez lui sans problème et que nous réglerions tout cela avec les spécialistes du bureau des étrangers et non pas la police. Je savais moi que le Technicum ne me fournirait pas d’attestation de logement (le moindre papier officiel ici semble être toute une affaire et le Technicum n’étant pas directement contractant avec moi puisque je passe par mon ONG tessinoise, ne voudrait pas entrer dans des écritures à mon sujet) et d’autre part je m’étonnais que Katia ne me propose pas de dire simplement que j’étais logée chez eux depuis ma sortie de l’hôtel le 2 décembre. Vous y comprenez quelque chose? Non? Je vous donne alors l’analyse que j'ai faite de la situation:
1. Quelqu’un aurait du m’informer que je devais m enregistrer à une adresse des mon arrivée. Ce quelqu’un aurait pu être l’ambassade bulgare à Berne, le Technicum ou Katia et Guido. Aurait pu, mais en fait c’est Katia et Guido qui auraient du le faire en tout état de cause.
2. Si Katia et Guido ne se proposaient pas pour m’annoncer chez eux c’est que comme elle me l’a expliqué la police rétorquerait alors qu’ils auraient du me déclarer EUX à la police (la loi les y oblige, comme elle oblige les hôtels à déclarer les étrangers qui séjournent dans leur établissement).
3. Si Katia et Guido me déclarent chez eux ils seront amendes, ce pourquoi Katia ne m’a pas proposé de le faire et a fait des mines quand je le lui ai suggéré
4. La solution de la fausse facture si elle était possible allait probablement me couter bakchich
5. Le fait même de me déclarer à la police ne réglerait rien car à mon retour après les fêtes il faudrait à nouveau que je m’enregistre quelque part et le Technicum ne voulant pas (ou pouvant pas) me fournir de certificat d’hébergement la situation serait la même à chaque fois que j’entrerais et sortirais du pays. En effet plutôt que de demander une carte de séjour temporaire, j’envisageais sur le conseil de Guido de sortir du pays tous les trente jours (Turquie, Roumanie, Grèce, Macédoine, Monténégro, beaucoup de frontières dans la région).
La procédure que je devrais faire pour obtenir cette carte de séjour temporaire étant, selon l’ambassade a Berne et Guido, longue pénible et couteuse. J’ai alors décidé tout d’abord de m’allumer une clope (et je vous emmerde) de commander un verre de délicieux muscat bulgare et de faire exactement tout (ou presque) sauf ce qu’on me conseillait. J’ai dit à Marianne que je ne me ruerais pas chez les flics, à Katia qu’elle aille se faire foutre avec sa fausse facture et ses bakchichs et à M. Arracheorganevital que je voulais bien qu’il m’emmène au poste de police des étrangers pour tenter d’obtenir une carte de séjour temporaire et donc régler, ceci même si ca me prend plusieurs semaines et plusieurs centaines de leva, la situation pour les cinq mois qui me resteront à mon retour d’un seul coup. Bon, bien sur je n’ai pas été violente dans mon expression et j’ai dit tout cela en souriant, en offrant une nouvelle tournée et en prenant l’air de quelqu’un qui trouve la situation tout à fait normale. J’ai même réussi a me retenir de me gratter. J’ai ensuite maintenu cet air agressivement souriant signifiant : je fais comme JE pense qu’il faut faire, tout au long des tentatives de persuasion de Katia et ai donné quartier libre à tout le monde pour le reste de l’après-midi. Maria et M. Arracheorganevital, qui ne supportait plus la présence de Katia, sont partis et je suis restée avec cette dernière. Par acquis de conscience je lui ai demandé pourquoi elle n’était pas d’accord avec moi et elle m’a expliqué que Guido pour obtenir sa carte de résidence permanente avait du attendre plusieurs mois et payer 250 euros. M. Arracheorganevital m’ayant lui dit qu’il l’avait obtenue pour trois fois rien et en quelques semaines je suis restée persuadée qu’il fallait que je fasse la démarche par moi-même et qu’on verrait bien. Je lui ai encore demandé comment il se faisait qu’elle et Guido ne soient pas au courant de la question de l’enregistrement à quoi elle a répondu en me souriant de toutes ses dents entartrées (excusez-moi hein, mais c’est un peu trop pour mes nerfs tout cela, il faut bien que je me défoule) qu’ils le savaient mais avaient OUBLIE de me le dire. Bravo l’organisation suisse (gggggrrrrrrrrrrrrrrrrrr). J’ai quitté Katia après avoir fait de gros efforts pour discuter avec elle de tout et de rien pendant au moins un quart d’heure afin de m’interdire toute possibilité de lui hurler dessus à notre prochaine rencontre et suis allée rejoindre M. Arracheorganevital au cyber café afin qu’il me dise ou il avait réservé une chambre pour moi. Nous nous sommes alors rendus à l’hôtel Relax, en plein centre ville, une charmante vieille maison avec un jardin intérieur et une terrasse qui doivent faire le régal des touristes en été, ou j’ai payé mes deux nuits d’avance (50 leva alors qu’a l’autre hôtel j’avais paye 150 leva pour le même nombre de nuit et pas plus de confort) a une adorable vieille dame qui m’a dit qu’elle ne pouvait pas me faire de facture (bien fait pour la fausse facture de Katia mais merde pour le remboursement du cout de ces nuitées par mon boss qui me doit bien cela pourtant pour m'avoir envoyée les yeux fermés dormir dans un endroit dont la salubrité n’a pas été prouvée, M. Bubblegum, nous allons devoir parler de cela vous et moi, vous le savez). Dieu merci la chambre est propre et j’ai pu y prendre une douche bien méritée avant d’enfiler des vêtements propres (mais infestés tout de même si vous suivez bien) pendant que M. Arracheorganevital m’attendait devant la TV câblée. Nous nous sommes après toutes ces aventures séparés afin que je rejoigne les enfants de Maria qui m’attendaient impatiemment pour que je les emmène comme promis au McDonald. J’ai plaqué une bise aussi sonore que les cloches un dimanche matin aux oreilles d’un ivrogne SDF sur la joue de M. Arracheorganevital et lui ai promis un sacré gueuleton des que j’en aurais fini avec mes puces. Pour en finir sur le chapitre « puces logement et police » j’ai encore deux tournées de pressing à faire avant de pouvoir me réconforter avec l’idée que tout mon linge est passé par le nettoyage chimique au moins une fois au moment ou je l’enfilerai dans un endroit javelisé et bombe de spray anti-puces. Je dois décider si je reste à l’hôtel jusqu’à mon retour en Suisse pour les vacances ou si j’achète un matelas (les personnes qui auraient du m’aider à le faire samedi matin ne sont jamais venues vous avez du vous en douter), et je me présente lundi matin avec une copie de mon contrat, mon passeport et des photos d’identité pour demander une carte de séjour temporaire en Bulgarie.
Après le Mcdo ou le plaisir des enfants de Maria, Ian et Gloria, m’a terriblement émue et réconfortée à la fois avec les hamburgers et le monde, j’ai passé le reste de la soirée à célébrer ma survie a la vodka avec Maria, Pavel et leur amie Diana. Gloria m ayant qualifiée avant de se coucher de « la femme la plus sympa du monde » rien ne m’atteignait plus pas même la vodka et je me suis couchée fourbue cinq heures du matin dans mon lit à l’hôtel relax avec la ferme intention de dormir au moins 16 heures d’affilée et j’ai dormi du sommeil du juste, me vautrant dans des draps que j’ai décidé de considérer comme le nec plus ultra linge de maison. A mon réveil onze heures plus tard (les mouettes ne m’ont pas eue à six heures du matin mais le téléphone si à 14h) je me suis rendue au Technicum armée de deux bombes de RRRayid pour aérer et nettoyer encore un coup si nécessaire et vérifier qu’il n’y avait plus rien qui puisse leur servir de nid. A mon grand bonheur la chambre luisait de propreté (enfin, selon mes critères de propreté du moment on s entend) et j’y ai réglé mes petites affaires, récupéré des papiers et de quoi survivre en ville encore une nuit avant de vous retrouver ici pour tout vous raconter. Vous comprendrez j’en suis sure que dans tout cela je n’ai pas eu le temps de vous faire le récit des événements d’hier avant cet après-midi et que je vous épargne le contenu de ma soirée d’hier pourtant un véritable régal de polémique politique, économique et de bugs de traduction. Le dimanche soir arrivé je suis heureuse de vous annoncer que mon mal de crane a vaguement diminué, que j’ai fume trois cigarettes salutaires en tout et pour tout, que le côté gauche de mon corps s’il continue à me démanger ne compte pas de nouvelles piqures depuis vingt-quatre heures, que je suis prêté à affronter le service des étrangers demain matin des la première heure et que tout compte fait, je suis assez zen comme fille.
Je vous embrasse comme je vous aime,
Zafrou
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